Je relais rarement des pétition, car je suis convaincu que les signer revient généralement à se soulager dans un instrument de musique à corde frottées aussi onéreux que difficile à apprendre à utiliser.
Cependant, je fais une exception pour celle-ci : le gouvernement français semble décidé à faire passer une loi qui pourrait obliger les navigateurs à inclure dans leur code un système de blocage de sites illégaux sans passer par l'inefficace blocage DNS.
Dans les mains d'un régime totalitaire, un tel dispositif pourrait permettre une censure semblable à celle du "Grand Firewall" chinois, sans toutes les contraintes techniques derrière (il est bien plus simple de maintenir une simple liste de sites à bloquer et à laisser le sale boulot aux navigateurs, que d'installer toute une infrastructure réseau).
Autre problème qui n'est pas soulevé ici : le Web est un ensemble de technologies ouvertes, ce qui signifie que n'importe qui (ayant beaucoup de courage, je vous l'accorde) devrait être en capacité de créer son propre navigateur. Un tel projet n'implémentant pas la fonctionnalité réclamée par le gouvernement français deviendrait-il alors illégal ? Si oui, c'est alors la nature ouverte elle-même du Web qui est en danger.
Mais plusieurs de ses caractéristiques ont de quoi inquiéter. Notamment la présence d'un kill switch, sorte de bouton d'arrêt d'urgence qui permet à un acteur central d'isoler une adresse IP du reste du réseau. Celle-ci ne pourra alors plus envoyer ou recevoir de données. D'autres inquiétudes surgissent autour du fait que les adresses mais aussi les paquets envoyés et reçus seraient reliés à l'identité du propriétaire de l'ordinateur ou du titulaire de la connexion.
En clair, si vous dites ou faites un truc qui ne plait pas aux autorités, ce nouveau protocole leur permettra :
- de vous retrouver en lisant simplement les métadonnées des paquets qui transitent (actuellement, il faut demander au FAI de collaborer)
- de vous isoler totalement
Espérons que ce protocole ne soit jamais adopté.
Et n'oublions jamais : ce n'est pas parce que nous sommes actuellement dans un État de droit, que nous le serons toujours dans 5 ans. Un régime autoritaire peut toujours apparaître si on n'y prête pas attention.
9ème place parmi les moins censurés.